J’ai découvert Lucie sur Instagram en faisant des recherches sur L’Ayurveda. J’ai tout de suite aimé l’énergie qui se dégageait de ses posts, et sa façon d’appréhender la vie de partager sur la santé mais également ses opinions. Je vous laisse découvrir une nouvelle interview passionnante, vers une autre approche à la santé.
Bonjour Lucie ! Peux-tu te présenter ? (réponse absolument libre)
Bonjour Sara, Merci de me recevoir. Je suis ici en qualité de praticienne et professeure d’ayurvéda, je suis installée au pays basque et j’exerce aussi en ligne. Grâce à 6 ans d’études avec de grands professeurs à travers le monde, à mon expérience et à toutes les consultations, je crois avoir atteint un niveau de compréhension de l’équilibre naturel qui me permet de le transmettre simplement. La simplicité, c’est le résultat du raffinement !
As-tu baigné dans le naturel en étant petite ?
Pas du tout ! J’ai grandi en banlieue lyonnaise et je mangeais des raviolis en boîte. Le béton et l’hygiène de vie ont continué à se dégrader jusqu’à mes 30 ans quand je vivais à Paris et que j’ai eu la chance de pouvoir partir vivre au Portugal où, là, j’ai fait l’expérience de la Nature qui m’a enseigné à me rapprocher d’Elle.
Qu’est ce que l’Ayurveda ?
L’Ayurvéda, c’est la médecine traditionnelle de l’Inde. C’est surtout une biologie, une manière d’observer le Vivant. La santé, selon cette science, repose sur trois piliers : la nutrition, le sommeil et l’intériorité. On peut l’appeler holistique en ce sens que c’est une médecine qui reconnaît l’humain comme un tout physique, émotionnel et spirituel. La grande différence entre l’ayurvéda et la médecine moderne, c’est d’avoir compris que chaque personne est particulière et que les remèdes sont individualisés.
Connais-tu un peu la naturopathie ? As-tu vu de grandes différences entre ces deux pratiques ?
La grande différence entre la naturopathie et l’ayurvéda se situe dans la compréhension du système digestif. On va prendre en compte en ayurvéda, la capacité digestive de la personne. C’est-à-dire que la nutrition n’est pas seulement une question d’apport mais d’absorption : on peut avoir la meilleure nourriture du monde, si notre système digestif n’est pas capable de la transformer, on va continuer avec nos déséquilibres. Donc on n’utilise pas de compléments alimentaires, mais on travaille à équilibrer le feu digestif de la personne avec ces trois piliers : nutrition, sommeil, intériorité. Cela passe parfois par les bonnes épices, ou manger chaud, ou manger cru, ou se coucher plus tôt, ou se balader chaque jour, etc.
Comment te nourris-tu ? Où va tu faire tes courses ?
Je reçois chaque semaine un panier de légumes bio d’un couple de maraîchers locaux qui sont aussi mes amis, et cela est un luxe absolu ! Je mange beaucoup de vert : mâche, roquette, fanes, feuilles de trucs… Les couleurs sont importantes en nutrition, plus elles sont foncées plus on a de nutriments. Je suis vegan pour des raisons écologique et éthique, mais surtout parce que dès l’enfance j’ai trouvé vraiment sale de mettre de la chair morte dans mon corps. Je suis végétarienne depuis mes 14 ans – j’en ai 42. Avec mes légumes colorés, je mange beaucoup de riz et de légumineuses que j’achète à l’épicerie bio. Et des épices que je mous moi-même dans un moulin à café pour qu’elles soient les plus fraîches possibles : cumin, fenouil, coriandre, cardamome, etc. Ha oui, et je râpe du gingembre et du curcuma frais sur mes assiettes. Voilà, ça c’est mon alimentation quotidienne, mais évidemment je mange aussi les délicieux desserts du resto vegan derrière chez moi, et du chocolat praliné vegan qui est le démon, et un peu trop de sauce soja !
Pour une personne qui n’a jamais mis un pied vers une alimentation saine, par où peut-elle commencer ? Conseilles-tu de faire les choses petit à petit ou de tout changer radicalement ?
Il est généralement recommandé de procéder progressivement mais selon le caractère de la personne, parfois un changement radical est le seul moyen d’initier un réel changement. Une alimentation saine c’est très simple : la majorité de ce que vous mangez doit être des légumes et des fruits. Une fois que vous avez mangé plein de légumes et plein de fruits, alors mangez ce que vous voulez.
On parle de tempérament en Ayurveda, grâce à ces connaissances, peut-on comprendre comment mieux s’adresser à quelqu’un (qui serait par exemple Kapha, vata…?)
L’Ayurvéda est une science qui étudie l’humain, toute cette connaissance a pour but de s’adresser les uns aux autres avec la compréhension de nos particularités et de nos points communs. Il y a toute une dimension psychologique qui est assez connue, mais il y a aussi une grande dimension éthique qui mériterait d’être plus diffusée aujourd’hui.
C’est quoi ta spiritualité ? Quelles sont tes croyances ? As-tu des croyances qui sont pour toi une certitude ?
Les croyances, c’est l’inverse de la certitude. J’ai la foi et j’ai une pratique, qui sont des jardins ressourçants et secrets. Je suis actuellement une licence de théologie dans laquelle j’approfondis ma connaissance des trois grands monothéismes. La religion et la spiritualité est une question essentielle de mon point de vue, que ce soit pour l’équilibre individuel ou sociétal. Et en France il y a un grand vide dans ce domaine, qui laisse la place à l’ignorance, au rejet et aux incompétents.
Comment rester en paix au max dans ce monde dans lequel nous vivons ?
Je ne crois pas qu’on doive rester en paix quand nous sommes face à l’injustice, je pense qu’on doit la combattre par tous les moyens possibles – allant de notre consommation à nos protestations, en passant par nos votes et notre éducation. Prioriser le confort individuel à l’équilibre global, c’est contribuer activement à la situation chaotique dans laquelle nous sommes plongés. Dr Samah Jaber, une grande psychiatre palestinienne dit : “la solidarité est le moyen de guérir notre sens, blessé, de l’humanité”. En réalité, le seul moyen de trouver la paix le soir en rentrant chez soi, c’est d’avoir été utile à son prochain dans la journée !
Quelle est ta vision d’une vie idéale sur Terre ?
Liberté, égalité, fraternité : mais pour de vrai ! Une vie idéale, c’est celle qui donne l’espace à l’autre de s’épanouir aussi.
Penses-tu que nous pouvons sainement allier la technologie humaine et la nature ?
Il existe de nombreux exemples de cette alliance réussie. Ce n’est pas la technologie le problème, ce sont les mains qui la dirigent. Que ce soit dans la chirurgie ou dans l’écologie, la technologie nous offre des opportunités incroyables. On a largement les compétences de changer le monde et de vivre harmonieusement, grâce à la technologie aussi. Ce qu’on ne peut pas allier à la nature dans cette harmonie, c’est la concupiscence.
Que penses tu de cette phrase “Il faudrait que tous les humains disparaissent pour que la planète se porte mieux” ?
La planète se porte bien, ce sont les humains qui se portent mal. La Nature a un pouvoir d’auto-guérison immense, qu’on soit là ou pas, son système immunitaire fait ce qu’il a à faire pour guérir. Et là, effectivement, elle a besoin de guérir de nous.
En Ayurveda, comment accompagnerais-tu (globalement) une personne qui souffre d’endométriose ? Quelles sont les recommandations et connait-on les causes ?
Les cause ne peuvent être évaluées qu’individuellement, mais “globalement” c’est une association malfaisante de Vata et Kapha. Il s’agit d’une croissance irrégulière de tissus reproducteurs, alors la première chose à faire en cas d’endométriose, selon l’ayurvéda et selon la recherche ultra-moderne, c’est de supprimer la consommation de tissus reproducteurs supplémentaires, c’est-à-dire les produits laitiers et les oeufs. Bien-sûr ce n’est pas suffisant pour guérir, mais ça permet de ne pas aggraver et dans la plupart des cas, ça soulage énormément.
Comment ton style de vie et ton parcours t’ont t-ils fait évoluer ? Comment te sens tu aujourd’hui dans ta peau par rapport à il y a dix ans ?
Ils continuent de me faire évoluer… Je me sens bien dans ma peau car je sais que je fais tout mon possible pour avancer dans la direction qui me semble juste. Je pense qu’on se sent mal dans sa peau quand il y a une dichotomie entre nos actions et nos pensées.
J’étais intriguée car dans l’un de tes posts, tu mentionnes le fait que ce n’est pas une bonne idée de manger des oeufs le matin. Petite, je mangeais des cochonneries (céréales + lait + jus), puis, plus rien durant plusieurs années. Juste deux repas par jour.
Depuis un temps, je mange une omelette le matin et ça me fait vraiment du bien. Peut-on l’expliquer ? (Un collègue naturo m’avait conseillé de commencer ma journée avec ça et c’est vrai que ça m’a aidé !).
Si cela t’a aidé, c’est que c’était juste pour toi à ce moment-là. En général, les produits d’origine animale sont très lourds à digérer, ils sont chargés de la souffrance de cet animal et construits sur la base d’une alimentation non-naturelle. Si tu as des poules dans ton jardin et que tu ne souffres pas de troubles digestifs, de manque d’énergie, d’endométriose ou de risque de cancers du système reproducteur, alors de temps en temps pourquoi pas.
Tu parles d’ayurveda mais également de tes points de vue. Je trouve ça admirable ! Penses-tu que nous devrions tous parler de choses qui nous tiennent à coeur et qui n’ont pas forcément un rapport direct avec notre activité ?
Merci ! C’est une question qu’on me pose souvent alors que je crois qu’on ne la pose jamais à ceux qui montrent leurs vacances en famille et leurs derniers achats. Je pense qu’il est moins intime de partager ses réflexions politiques que son quotidien, justement parce que dans la sphère publique on doit parler de ce qui concerne l’ensemble, et garder dans la sphère privée ce qui nous concerne individuellement. L’ayurvéda enseigne qu’il n’existe pas de frontière réelle entre l’extérieur et l’intérieur : mon environnement me pénètre sans cesse, que ce soit l’air que je respire, la terre sur laquelle est cultivée les légumes que je mange, l’énergie des personnes que je côtoie, etc. Alors la santé individuelle n’exist qu’à condition de la santé collective. Donc non seulement, je pense oui qu’il est nécessaire et juste de parler de ce qui nous tient à cœur afin de ne pas l’endurcir, mais en plus cela est en rapport direct avec l’activité de thérapeute.
Quel est ton tempérament ayurvédique ? Ca veut dire quoi sur toi ?
J’ai une constitution Pitta-Kapha, cela signifie que mon corps est chaud et humide, et que pour le maintenir à l’équilibre je dois rechercher ce qui est frais et sec, en toutes choses. Par exemple, dans mon alimentation je vais choisir un wok plutôt qu’une soupe, pour mon sommeil je vais rechercher une température fraîche et une couverture légère, pour mon intériorité je vais éviter trop d’intensité. Tous ces adjectifs correspondent aux dix attributs de la Nature et à leur dix contraires, qui sont les bases de la thérapeutique ayurvédique.
Quels sont les aliments à enlever absolument de l’alimentation humaine ? Pourquoi ?
Les textes classiques de l’ayurvéda disent qu’avec un feu digestif équilibré, on peut digérer même des cailloux ! Mais je crois qu’à force de manger des cailloux on va le déséquilibrer et qu’il vaut donc mieux apporter de soin à notre alimentation et la chose principale : c’est de ne rien consommer d’industriel ! Les procédés de transformations industriels sont incompréhensibles pour notre système digestif et ce qu’il y a de plus déséquilibrant pour notre ventre, notre corps et notre mental.
Quel est ton point de vue sur les compléments alimentaires ? Je suis curieuse de ta réponse car avant, ils n’existaient pas, et ça n’empêchait pas les gens d’être en bonne santé. Aujourd’hui, certaines personnes disent qu’on ne peut plus s’en passer parce que nos aliments sont trop pauvres en nutriments.
Leurs aliments sont trop pauvres en nutriments parce qu’ils mangent des pâtes et des courgettes ! Les compléments alimentaires résultent d’un processus industriel, ils sont difficiles à digérer. Il est tout à fait possible, encore aujourd’hui, malgré la dégradation des sols, d’avoir une alimentation très riche en nutriments à condition de manger coloré, végétal, local et bio.
Beaucoup de gens aujourd’hui vont aux toilettes une fois par jour , voire tous les trois jours. Comment remédier à la constipation selon. l’ayurveda ?
Aller aux toilettes une fois par jour, c’est la norme selon l’ayurvéda. Pour les personnes qui ont du mal à éliminer, il est utile de commencer la journée avec un verre d’eau tiède et si cela n’est pas suffisant y ajouter une ou deux cuillères à soupe d’huile de lin ou olive.
Que proposes-tu pour aider les gens accompagnements, consultation, cours…) ?
Sur mon site ayurveda-auquotidien.com, je donne des cours en ligne accessibles aux débutants comme la nutrition et la routine quotidienne, et certains cours plus avancés comme les doshas et l’anatomie de la digestion. Et bien-sûr, je reçois les personnes en consultation pour des conseils personnalisés, au pays basque et en ligne. Une de ms spécialités est la marmathérapie, l’acupression subtile, dont je donne des formations régulièrement au pays basque et à Lyon.
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